En attendant l’alpin.

Entre l’ordinateur démonté, formaté et dépoussiéré; les longues journées ensoleillées d’été de Revelstoke; le travail; la découverte du terrain de jeu; la paperasse de changement d’adresse, de permis et d’assurances; les nouvelles amitiés et les visites des vieux amis et de la famille… des excuses, il peut y en avoir… Mais on s’entend, il y a aussi la paresse et la procrastination. J’ai peut-être aucune initiative, mais j’suis pas menteur, comme on dit.

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Alors que le dernier blog parlait de la dernière neige qui fondait, maintenant les flocons tombent un peu partout en Amérique, déjà. Un cycle des saisons, dont certaines se font défigurer un peu…

L’alpin se couvrira de neige dans le temps d’une pleine lune, mais il y a cinq pleines lunes de ça, elle tentait de nous empêcher de pédaler les sommets.

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Alors il n’y a pas si longtemps, à l’époque où le Yéti existait et qu’Harper détruisait le Canada, je me suis enfui de Revelstoke, et Alex s’est sauvé de Vancouver, pour aller vers le Sud, près de nos voisins les Américains. Grand Forks était notre destination, pour aller y rejoindre les « namises » du Yéti: Dayne et Pascale.

GF - Dayne

Photo par Dayne Eaubasse.

Alors qu’Alex roulait du détrempé sur la Wet-Coast et que je sillonnait la neige à Revelstuck, le sud de la vallée de l’Okanagan réveillait tranquillement ses serpents à sonnettes. Sec comme dans Cric-Crac-Croc, comme dans « Dans quelques mois ça va chauffer icitte! » On a roulé du vieux stock pas trop sur les cartes, sur des vieux sites obscurs, du temps ou quelques uluberlus prenaient des vélos et les apportaient dans les sentiers des randonneurs.

Pis dans ce coin là, où Dayne a appris à pédaler un bécique à pédale, où Dayne, son père et d’autres furent ces uluberlus, il y a en a des sentiers. Vieux, uniques, saisissants. Des reliques cachées, des trésors enfouis sous le végétal, les épines et les décennies.

Quand on part en voyage, on se laisse impressionner par les paysages, mais ce qui saisit toujours, c’est de se laisser guider par les personnages. Pis Pete, aka Dayne’s father, c’est un esti de personnage, un caractère, un character, un adolescent qui n’a jamais grandi, un père qui nous donne le goût d’être père, parce que ça a pas l’air si pire que ça, d’être un père. J’en avais entendu parler, mais il faut le croire pour le voir. Ouin, à l’envers de même, parce que si on n’y croit pas, on peut pas tout voir et comprendre.

Envoyer chier en donnant une bière, c’est comme ça qu’on salue quand on s’appelle Pete. Avoir des centaines d’affiches de spectacles de groupes obscurs des années tranquilles, en guise de tapisserie, c’est comme ça qu’on décore quand on s’appelle Pete. Se construire un carillon à vent avec des vieux tubes de vélo, c’est comme ça qu’on crée quand on s’appelle Pete. Fumer une cigarette en conduisant son pick-up à 70km/h dans un chemin forestier en écoutant une playlist de 12 000 chansons punk/rock des années 80, c’est comme ça qu’on est serviable pour son fils et ses amis quand on s’appelle Pete.

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Mais après ce service, au bout du chemin, il y a encore de la neige. Dayne et moi on pousse nos vélos pour un deux kilomètres pour se rendre au sommet, pour ensuite descendre Dewdney Trail, une pièce d’histoire du développement de l’Ouest. 720 kilomètres de sentiers qui traversent les chaînes de montagnes. Nous, on se contente d’un de ses bonbons: 18 kilomètres de descente, conçus pour un cheval voyageant avec un petit charriot, rien de trop brusques, un dénivelé constant-plaisant.

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Pis toujours en chassant la neige, de retour à Revy, ça m’est arrivé quelques fois de monter la route du Mont Revelstoke. Le pavé est fermé aux voitures jusqu’en juin, on peut donc monter sans stress la route de 28 km jusqu’à la neige. Une fois on se rend à huit kilomètres, et la semaine d’après, on peut pédaler jusqu’au onzième. Ça fond vite cette histoire là.

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D’un extrême à l’autre, on échange les tit-peneux de vélo de route pour ceux des grosses machines de descente, question de découvrir Builder et ses sentiers plus costauds. Les petits gars font des gros whips et lâchent le guidon dans les airs, et on se demande pourquoi on n’est pas nés dans l’Ouest… Mais on s’dit qu’au moins on y est, là, maintenant.

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